Huit ans après la pénalisation des clients, que prévoit le plan de lutte contre la prostitution dévoilé ce jeudi ?

  • L’exécutif s’attend à une recrudescence de la clientèle de la prostitution à l’occasion des JO de Paris.
    L’exécutif s’attend à une recrudescence de la clientèle de la prostitution à l’occasion des JO de Paris. ILLUSTRATION MIDI LIBRE
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AVEC AFP

Huit ans après la loi pénalisant les clients, le gouvernement dévoile ce jeudi 2 mai un plan de lutte contre la prostitution, avec une attention particulière portée à la question du numérique et des mineurs dont le nombre a doublé ces dernières années.

Un plan de lutte contre la prostitution sera présenté par Aurore Bergé ce jeudi 2 mai. Il vise à "renforcer l’application de la loi de 2016 partout sur le territoire, dans son volet répressif et social", souligne l’entourage de la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes.

Prostitution sur internet

Il s’agit également de "s’adapter aux nouvelles formes de prostitution, notamment numérique" et de s’attaquer spécifiquement à la question des mineurs "pour lutter efficacement face au continuum prostitutionnel".

En 2016, l’adoption de la loi "visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées" avait été saluée comme une avancée majeure par les abolitionnistes.

Au terme de deux ans et demi de vifs débats, le texte avait notamment abrogé le délit de racolage et l’avait remplacé par la pénalisation des clients. Ces derniers sont désormais passibles d’une amende de 1 500 euros, pouvant aller jusqu’à 3 750 euros en cas de récidive, parfois complétée par un stage de sensibilisation. La loi a également mis en place un parcours de sortie de la prostitution.

Mais huit ans plus tard, le bilan est en demi-teinte. Le Haut Conseil à l’égalité (HCE) a déploré une pénalisation "appliquée inégalement sur le territoire" et pointé les défis de la prostitution sur internet. Un rapport des inspections générales a quant à lui épinglé un "manque de pilotage national", une absence de "mesures de sensibilisation du grand public" et des mesures pénales encore peu appliquées.

Revalorisation de l’aide financière d’insertion sociale ?

"La loi de 2016 est une très bonne loi, c’est dommage qu’elle n’ait pas été mise en œuvre dans sa globalité", estime Stéphanie Caradec, directrice de l’association Mouvement du Nid, en faveur de l’interdiction de la prostitution. Elle déplore une application "anecdotique" des mesures pénales et un manque de moyens budgétaires et humains.

"Il faut permettre à toutes les personnes qui souhaitent sortir de la prostitution de pouvoir le faire dans de bonnes conditions, or aujourd’hui ce n’est pas le cas", ajoute-t-elle, citant le montant "clairement insuffisant" de 330 euros mensuels de l’aide financière d’insertion sociale (Afis).

Les choses pourraient toutefois évoluer à ce niveau-là. Auditionnée au Sénat le 21 mars, Aurore Bergé a reconnu que l’aide financière actuelle était "très faible monétairement et mériterait sans doute d’être revalorisée".

La question de la prostitution des mineurs

Au cœur d’un plan spécifique présenté en 2021, la question de la prostitution des mineurs, et notamment des enfants de l’aide sociale à l’enfance (Ase), sera pleinement intégrée à cette stratégie nationale.

Selon les associations, le nombre de mineurs prostitués a plus que doublé ces dernières années. Il est aujourd’hui estimé entre 7 000 et 10 000 sur les 30 000 personnes prostituées en France.

Opposées à la loi de 2016, les associations anti-abolitionnistes déplorent, elles, ne pas avoir été consultées par l’exécutif et redoutent un "nouveau plan pour rien" à même "de fragiliser encore davantage les travailleuses du sexe".

"On sait qu’on va avoir le droit à une stratégie purement idéologique, on va passer à côté du sujet qui est la situation des personnes concernées sur le terrain", dénonce Sarah-Marie Maffesoli, coordinatrice chez Médecins du Monde.

Même amertume chez Elisa Koubi, coordinatrice du syndicat du travail sexuel (Strass) qui constate depuis la loi de 2016 des clients "beaucoup plus agressifs et plus violents" et des personnes prostituées obligées de "s’éloigner pour éviter la police, donc de s’isoler et de sortir des radars des associations et de la prévention santé".

Prévue initialement pour janvier mais reportée en raison des différents remaniements, la présentation de cette stratégie survient à trois mois des Jeux olympiques et paralymiques de Paris lors desquels l’exécutif s’attend à une recrudescence de la clientèle de la prostitution.

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Les commentaires (11)
Anti-beaufs et VC réacs Il y a 14 jours Le 02/05/2024 à 19:46

Il faut être intraitable , impitoyable avec les proxénètes et les pédophiles . Pour le reste , prohiber la prostitution c'est comme prohiber le vin, le tabac...cela ne sert à rien sauf à créer le pire, vaut mieux l'encadrer et aider les filles ou les gars à en sortir.
PS : est ce que les filles qui se font entretenir voire épouser par des très riches, plus ou moins vieux ,sont des prostitués? Si oui : il y a en a beaucoup dans les hautes sphères du pouvoir financier, politique, médiatique...etc.

Anonyme1353764 Il y a 14 jours Le 02/05/2024 à 17:15

Il faut carrément interdire la prostitution, pourquoi punir les clients ,est-ce une question de prostitution de l'état pour récolter les amandes des clients pas de prostituées pas de clients c'est simple.

mondoigt31 Il y a 14 jours Le 03/05/2024 à 02:01

à ce jour, on doit légaliser et ré-ouvrir les maisons... au moins la libido des maniaques sera contenue , les mafias de traite de femmes et la prostitution occasionnelle estudiantine seront contrôlées. ça se pratique dans beaucoup de pays de l'UE;on ne peut pas contrôler la prostitution libre qui favorise les mafias.c'est impossible!!

Anonyme160463 Il y a 14 jours Le 02/05/2024 à 15:14

Lutter sans merci contre le proxénétisme, je suis tout à fait d'accord, mais pourquoi interdire la prostitution des personnes adultes. Chacun ou chacune est libre de son corps, comme on vient de nous le répéter mille fois quand il a fallu inscrire l'avortement dans la Constitution.De plus, nombres de spécialistes assurent qu'il y aurait beaucoup plus de viels et d'agressions sans ces travailleurs - travailleurses du sexe.